Si vous travaillez dans le digital, vous avez forcément déjà entendu cette question : « Quelle est mon adresse IP ? ». Souvent, on la cherche en urgence pour un paramétrage technique, un accès à distance, un test de campagne ou un diagnostic réseau. Mais votre adresse IP ne sert pas qu’aux geeks et aux admins systèmes : elle dit aussi beaucoup de choses sur vous… et sur vos audiences.
Dans cet article, on va voir ensemble :
- comment trouver rapidement votre adresse IP (publique et locale) sur tous vos appareils ;
- ce qu’une IP révèle réellement sur vous (localisation, FAI, usages) ;
- comment les acteurs du marketing et de la publicité l’exploitent ;
- et comment garder le contrôle, sans paniquer ni tomber dans la parano.
Adresse IP : de quoi parle-t-on exactement ?
Une adresse IP (Internet Protocol) est un identifiant numérique attribué à chaque appareil connecté à un réseau utilisant le protocole Internet. C’est l’équivalent de votre adresse postale… mais pour vos appareils numériques.
Deux notions sont essentielles pour comprendre ce qu’elle révèle (ou pas) sur vous :
- Adresse IP publique : c’est celle que « voit » Internet. Elle est attribuée par votre Fournisseur d’Accès à Internet (FAI) à votre box, votre routeur, votre smartphone en 4G/5G, etc. C’est cette IP qui intéresse les sites web, les régies publicitaires, les outils d’analytics et parfois les autorités.
- Adresse IP locale (ou privée) : c’est l’adresse utilisée à l’intérieur de votre réseau (chez vous, au bureau). Par exemple 192.168.1.25. Elle sert à faire communiquer vos appareils entre eux via votre box ou routeur. Elle n’est pas visible depuis Internet.
Enfin, il existe deux versions de ce protocole :
- IPv4 : le format le plus courant, de type 203.0.113.42. Les adresses sont en nombre limité, d’où l’apparition du protocole suivant.
- IPv6 : un format plus long et plus riche, par exemple 2001:0db8:85a3:0000:0000:8a2e:0370:7334, qui permet d’attribuer un nombre quasi illimité d’adresses.
Dans la plupart des usages marketing et de communication digitale, lorsque l’on parle d’« IP », on fait référence à votre adresse IP publique.
Comment trouver votre adresse IP publique en 10 secondes
Pour la majorité des besoins (support technique, test d’accès, whitelisting pour un outil pro), c’est votre IP publique qui vous intéresse.
Bonne nouvelle : vous n’avez pas besoin de compétences techniques pour la trouver.
Trois méthodes rapides :
- 1. Via un site spécialisé
Ouvrez votre navigateur et saisissez « quelle est mon IP » dans Google. Le moteur de recherche affiche souvent directement votre IP en haut des résultats.
Vous pouvez aussi utiliser des sites dédiés comme :
- whatismyip.com
- monip.org
- iplocation.net
Ces sites vous indiquent généralement :
- votre adresse IP publique ;
- votre FAI ;
- une localisation approximative (ville ou région) ;
- le type de connexion (fibre, ADSL, mobile… selon les outils).
- 2. Via un outil en ligne interne
Dans de nombreuses entreprises, les équipes IT mettent à disposition un petit outil « Quelle est mon IP » sur l’intranet pour faciliter les demandes de support ou les accès distants. Si vous travaillez dans un environnement structuré, commencez par vérifier si cette option existe déjà.
- 3. Via une commande réseau (pour les plus techniques)
Si vous êtes à l’aise avec les lignes de commande :
- Sur Windows, ouvrez l’Invite de commandes et tapez :
nslookup myip.opendns.com resolver1.opendns.com - Sur macOS / Linux, dans le Terminal :
curl ifconfig.me
Ces méthodes font exactement la même chose qu’un site web : elles interrogent un serveur externe qui « voit » votre IP.
Comment trouver votre adresse IP locale (Wi-Fi, réseau d’entreprise…)
Votre adresse IP locale est utile si vous devez :
- connecter une imprimante réseau ;
- configurer un logiciel de télétravail ;
- gérer des accès à un serveur en interne ;
- diagnostiquer un problème de réseau au bureau.
Voici comment la trouver selon votre appareil.
Sur Windows
- Cliquez sur le menu Démarrer > tapez cmd > validez.
- Dans la fenêtre noire, tapez :
ipconfig. - Repérez la ligne Adresse IPv4 sous la connexion utilisée (Wi-Fi ou Ethernet).
Sur macOS
- Cliquez sur l’icône Apple > Réglages Système > Réseau.
- Sélectionnez votre connexion active (Wi-Fi ou Ethernet).
- L’adresse IP locale apparaît sous la mention « État : connecté ».
Sur smartphone (Android)
- Allez dans Paramètres > Wi-Fi.
- Cliquez sur le réseau connecté (souvent une petite icône « i » ou engrenage).
- Faites défiler : l’adresse IP locale est indiquée dans les détails de la connexion.
Sur iPhone (iOS)
- Allez dans Réglages > Wi-Fi.
- Touchez le « i » à droite du réseau connecté.
- Repérez la ligne Adresse IP.
Depuis votre box Internet
Votre box a elle aussi une adresse locale (souvent 192.168.0.1 ou 192.168.1.1). Elle permet d’accéder à l’interface d’administration, où vous pouvez visualiser tous les appareils connectés et leurs IP respectives.
Ce que votre adresse IP révèle (vraiment) sur vous
La question la plus fréquente : « Avec mon IP, peut-on savoir qui je suis ? ». La réponse courte : non, pas directement
Une adresse IP publique permet en revanche de déduire plusieurs informations :
- Votre FAI : Orange, SFR, Free, Bouygues, un opérateur B2B, un hébergeur cloud…
- Votre zone géographique approximative : généralement la ville ou l’agglomération, parfois seulement la région.
- Le type de connexion : résidentielle, mobile, entreprise, data center…
- Parfois, le nom de l’organisation : pour les grandes entreprises, administrations ou universités, qui possèdent des blocs d’IP dédiés.
Les sites utilisent ces données via des bases de « géolocalisation IP ». Elles ne sont pas parfaites : il n’est pas rare qu’une IP soit géolocalisée dans une ville voisine ou au siège régional de votre FAI plutôt que chez vous.
En revanche, l’IP ne donne pas directement votre nom, votre adresse postale ou votre numéro de téléphone. Ces informations ne sont connues que par votre FAI, qui ne les communique qu’aux autorités dans des cas légaux précis (enquête judiciaire, par exemple).
Comment les sites et les marketeurs exploitent votre IP
Pour un professionnel du marketing ou de la communication digitale, l’adresse IP est une donnée technique… mais aussi un levier de ciblage et d’analyse.
Voici quelques usages typiques :
- Personnalisation par pays ou région
Un site e-commerce peut adapter automatiquement :
- la langue de l’interface ;
- la devise ;
- les frais et délais de livraison affichés ;
- certaines offres limitées à un territoire.
- Filtrage et sécurité
Les équipes IT et marketing peuvent :
- bloquer des IP connues pour leurs activités malveillantes (bots, spam, attaques) ;
- limiter l’accès à un back-office à certaines IP (par exemple, uniquement depuis le réseau de l’entreprise ou via un VPN) ;
- détecter des comportements suspects (multiples tentatives de connexion depuis des IP étrangères).
- Analyse de trafic (B2B)
Certains outils (par exemple, des solutions de « lead scoring B2B ») croisent les IP des visiteurs avec des bases d’entreprises pour identifier :
- quelles sociétés visitent un site ;
- depuis quelles régions ;
- pour quels contenus.
Attention : il ne s’agit pas de savoir « Pierre de la société X est sur la page Y », mais plutôt « La société X a eu plusieurs visites sur les pages Y et Z cette semaine ».
- Publicité et tracking
L’IP entre aussi dans les mécanismes de :
- limitation de fréquence (éviter d’afficher 20 fois la même publicité à la même personne) ;
- détection de fraudes au clic sur les campagnes publicitaires ;
- mesure de performances par zones géographiques.
Dans la plupart des cas, l’IP est traitée dans un cadre réglementé (RGPD), avec anonymisation ou pseudonymisation lorsque c’est nécessaire, notamment dans les outils d’analytics.
Adresse IP et RGPD : données personnelles ou pas ?
Pour le RGPD, une adresse IP est considérée comme une donnée à caractère personnel dès lors qu’elle peut être reliée, directement ou indirectement, à une personne physique.
Cela implique pour les entreprises qui exploitent des données d’IP :
- de les traiter avec une base légale (intérêt légitime, consentement, obligation légale…) ;
- de les protéger (sécurité, accès restreint) ;
- de les conserver pour une durée limitée et justifiée ;
- de les anonymiser autant que possible dans les outils analytiques.
Côté utilisateur, cela signifie que :
- votre IP peut être collectée par défaut lorsqu’elle est nécessaire au bon fonctionnement du service (connexion, sécurité, logs techniques) ;
- son usage à des fins de tracking marketing doit respecter un cadre précis, souvent associé aux bandeaux de consentement aux cookies et traceurs.
Cette dimension réglementaire est clé pour toute équipe marketing ou communication qui souhaite utiliser au mieux les données d’audience sans s’exposer à des risques juridiques.
Peut-on vous identifier personnellement avec votre IP ?
C’est l’inquiétude récurrente : « Avec mon IP, peut-on remonter jusqu’à moi ? ».
Dans les faits :
- seul votre FAI a la correspondance directe entre adresse IP à un moment donné et identité de l’abonné ;
- les sites web, régies et outils marketing voient votre IP, mais ils ne voient pas votre contrat, votre adresse ou votre identité civile ;
- le lien entre une IP et une personne identifiée n’est possible légalement que dans un cadre d’enquête, via réquisition judiciaire auprès du FAI.
En revanche, via l’IP et d’autres signaux (cookies, empreinte du navigateur, compte connecté), un site peut :
- reconnaître qu’un même appareil revient régulièrement ;
- relier des actions entre elles (visites, achats, clics) ;
- vous proposer une personnalisation avancée (historique, recommandations, relances).
C’est cette combinaison de signaux, plus que l’IP prise seule, qui construit réellement « le profil » exploité à des fins marketing.
Comment réduire ce que votre IP révèle sur vous
Si vous souhaitez rester plus discret en ligne ou tout simplement reprendre la main sur vos données, plusieurs leviers existent.
Utiliser un VPN fiable
Un VPN (Virtual Private Network) fait transiter votre connexion via un serveur intermédiaire. Pour le site que vous visitez, l’IP visible n’est plus la vôtre, mais celle du serveur VPN.
Intérêts principaux :
- masquer votre IP réelle et votre localisation approximative ;
- sécuriser votre connexion, en particulier sur les Wi-Fi publics ;
- tester l’affichage de vos contenus ou campagnes comme si vous étiez dans un autre pays (très utile pour les équipes marketing internationales).
Utiliser le réseau mobile plutôt que le Wi-Fi (dans certains cas)
Sur mobile, en 4G/5G, votre IP change plus souvent, et vous êtes noyé dans un grand nombre d’utilisateurs derrière le même opérateur. Ce n’est pas une solution de confidentialité totale, mais cela peut limiter certains types de ciblages précis.
Limiter les autres traceurs
Rappel important : ce n’est pas l’IP seule qui construit votre empreinte, mais l’ensemble des traceurs :
- cookies tiers ;
- identifiants publicitaires ;
- scripts de tracking mal maîtrisés ;
- comptes connectés à de multiples services.
En tant qu’utilisateur, vous pouvez :
- paramétrer votre navigateur pour limiter les cookies et le tracking ;
- vider régulièrement l’historique et les cookies ;
- utiliser des navigateurs axés sur la protection de la vie privée.
En tant que professionnel du digital, l’enjeu est plutôt de revoir votre stack de tracking pour qu’elle soit à la fois efficace, éthique et conforme au RGPD.
Exemples concrets pour les pros du marketing et de la communication
Au-delà des aspects techniques, voici quelques cas d’usage concrets que vous rencontrez probablement déjà.
1. Tester un site ou un tunnel de conversion depuis différentes régions
Vous lancez une campagne géolocalisée (France, Belgique, Suisse) et vous voulez vérifier :
- les versions de pages affichées ;
- les devises ;
- les messages de livraison ou de légalité (par exemple pour l’alcool, les jeux en ligne…)
Solutions :
- utiliser un VPN pour simuler des connexions depuis différents pays ;
- vérifier les logs serveur pour voir quelles IP accèdent à quelles versions de pages ;
- paramétrer votre outil d’A/B test ou de personnalisation par IP ou par bloc d’IP (pour une région ou un réseau d’entreprise).
2. Filtrer vos propres visites dans vos outils analytics
Les données de trafic sont faussées si vos équipes internes génèrent beaucoup de visites (refontes, tests, recettage…).
Action rapide :
- identifier l’IP publique de votre entreprise (ou de votre VPN interne) ;
- configurer un filtre d’exclusion dans votre outil d’analytics pour ne pas comptabiliser ce trafic.
Résultat : des chiffres plus propres, des taux de conversion plus réalistes, des décisions mieux informées.
3. Sécuriser l’accès à vos outils critiques
Back-offices, CRM, interfaces de paiement, plateformes de gestion de campagnes… Autant d’outils qui ne devraient pas être accessibles à tout Internet.
Bonnes pratiques :
- limiter l’accès à certains blocs d’IP (par exemple, les IP de votre siège + celles de votre VPN d’entreprise) ;
- surveiller les tentatives de connexion depuis des IP inconnues ou suspectes ;
- mettre en place une authentification multi-facteur en complément du filtrage par IP.
Votre IP devient alors un outil de protection, et pas seulement une donnée à gérer dans le cadre du RGPD.
À retenir pour mieux utiliser – et maîtriser – votre adresse IP
En résumé, votre adresse IP est :
- un identifiant nécessaire à toute connexion à Internet ;
- une donnée qui révèle surtout votre FAI et une localisation approximative ;
- une information exploitée pour la sécurité, la personnalisation et l’analyse marketing ;
- une donnée encadrée par le RGPD, à traiter avec rigueur dans vos dispositifs digitaux.
Pour vous, en tant que professionnel :
- connaître votre IP (publique et locale) devient un réflexe utile pour collaborer avec les équipes IT, les agences et les prestataires ;
- comprendre ce qu’elle révèle vous aide à mieux expliquer vos choix aux équipes juridiques et aux clients ;
- maîtriser son usage vous permet d’optimiser vos campagnes tout en restant dans un cadre respectueux des utilisateurs.
La prochaine fois que quelqu’un au bureau vous demandera « Tu peux me donner ton IP ? », vous saurez non seulement où la trouver… mais aussi ce que vous êtes en train de partager.